Natacha Piecq, en bonne route pour l’UTMB

Catégorie : ITW

Interview réalisé par Sophie Boissont

Depuis 2022, Natacha Piecq trace son chemin sur le Challenge des Trails de Provence, grimpant les marches et allongeant les distances. À 46 ans, cette traileuse talentueuse au mental d’acier a brillamment relevé le défi du format ultra ! Originaire de Lille et Bandolaise d’adoption depuis 15 ans, elle revient sur son ascension fulgurante et ses prochains défis.

Natacha, félicitations pour ta victoire ! Peux-tu nous parler de ton parcours en trail  et sur le Challenge ?

Merci beaucoup ! J’ai toujours été sportive et courais déjà avant de rejoindre, en 2018, le club Bandol Sanary Saint-Cyr Athlétisme, à l’initiative d’une amie. Avec deux entraînements hebdomadaires et une sortie en colline le week-end, j’ai découvert l’univers des courses sur route. Fin 2021, je me suis essayée aux sentiers avec le Trail de Noël , que j’ai remporté chez les féminines. Quelques mois plus tard, je me suis classée deuxième du Trail de la Sainte-Baume à quelques secondes de la première. C’est là que le Challenge des Trails de Provence est entré en scène !

En 2022, je me suis concentrée sur les formats courts. En 2023, j’ai franchi le pas vers les longues distances avec notamment le Trail de Pichauris (80 km, 4000 m D+), mon premier trail nocturne, que j’ai terminé en 12h12. Cette même année, j’ai décroché la deuxième place sur le Challenge, format long.

Et en 2024, cap sur l’ultra ! Lors du Trail des Maures, j’ai bouclé 104 km et 4700 m D+ en tête chez les femmes et 5ᵉ au scratch. Ensuite, le Trail di Corsica a été un vrai défi avec ses 111 km et 7200 m D+, où je termine 3ᵉ féminine. Cette performance m’a valu une qualification pour l’UTMB 2025, un rêve de traileur.

Quelles sont tes autres passions, et comment concilies-tu vie de famille et entraînement ?

J’adore les activités en plein air, surtout en famille : voile, natation, ou encore padel avec mon mari. Pour concilier tout cela, je m’appuie sur une organisation millimétrée et une bonne dose de motivation. Avec mes trois enfants et mon métier d’architecte, je m’entraîne souvent entre midi et deux ou le soir, à la frontale, une fois les devoirs et repas gérés. Le week-end, je m’accorde une sortie longue, et pour le quotidien, je privilégie les déplacements à pied ou à vélo.

Comment as-tu préparée pour ce challenge ?

Un ami expert en trail m’aide en élaborant mes programmes hebdomadaires, que j’adapte selon mes disponibilités. Par exemple, je fais mes séances de renforcement chez moi, et souvent mes enfants y participent. En général, je cumule deux séances de fractionnés ou de côtes, une de renforcement, et une sortie longue. Je suis un plan structuré depuis un an seulement, mais je cours sans montre, guidée par mes sensations. Mon objectif est de préserver le plaisir du trail et de ne pas en faire une contrainte.

Quelle a été ta course la plus difficile cette année ?

Sans hésitation, le Trail di Corsica. La nuit a été agréable, mais au km 60, tout s’est compliqué : nausées, vertiges, et impossibilité de m’alimenter. L’idée d’abandonner m’a hantée. Heureusement, à un gros ravitaillement, une pause de 20 minutes, deux assiettes de pâtes au brocciu, et un massage m’ont permis de repartir, doucement mais sûrement. La descente finale vers Corte était magique, et l’arrivée, un moment inoubliable : ma fille Charlie m’a rejoint pour un sprint final.

Qu’est-ce que cette victoire représente pour toi ?

Elle symbolise beaucoup : avant tout, une victoire personnelle contre le cancer bilatéral du sein que j’ai surmonté il y a quelques années. C’est aussi une victoire en tant que femme et mère, la preuve qu’avec passion et détermination, on peut atteindre ses objectifs.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer ?

Foncez sans vous mettre de pression et savourez chaque instant ! Admirez les paysages, vibrez avec l’ambiance créée par les bénévoles, et laissez-vous emporter par l’expérience. Si un bon classement vient s’ajouter à cela, tant mieux, mais le plaisir reste l’essentiel.

Quels sont tes prochains objectifs ?

Mon grand objectif est l’UTMB 2025. Après cela, j’aimerais tenter la Diagonale des Fous et, pourquoi pas, le mythique Tor des Géants et ses 350 km. Je vais aussi intégrer le vélo de route à mes entraînements pour limiter les impacts sur mes articulations.

Un dernier message pour la communauté des traileurs et ceux qui te soutiennent ?

Le trail est une discipline d’évasion, de partage, et d’entraide. Gardons cet esprit qui fait sa beauté, loin de la recherche effrénée des classements. Merci à ma famille, à mes amis, à mon coach, et surtout aux bénévoles sans qui ces aventures seraient impossibles.

Merci Natacha, le Challenge te souhaite le meilleur pour ta saison 2025 et espère te revoir sur son podium !