Catégorie : Comptes-rendus
Texte: Stéphanie Vedovati – Photos : Aeria
La manifestation Var Verdon Trail Canyon, amplement partagée sur les réseaux sociaux, a suscité un bel engouement. Stéphanie Vedovati, une habituée du Challenge qui a participé au Trail du Grand Margès comptant pour le classement des trails courts, a assuré le compte-rendu de son vécu.
Ce samedi 10 juin 2023, Aiguines devient la base de vie du Var Verdon Trail Canyon VVTC. Située entre Alpes de Haute-Provence et Var, la manifestation est organisée depuis plus de 25 ans par Jean Giacosa, son créateur, et l’association Aeria, dans un lieu unique – le plus grand canyon d’Europe. Cette année plus de 700 inscriptions sont recensées sur les diverses épreuves et 70 bénévoles sont en poste pour encadrer tout cela. Quatre parcours étaient proposés : 60 km / 4000mD+, 30 km / 1700mD+, 24 km / 1500mD+, et 17 km / 1200D+.
Au départ de chaque épreuve se trouvent nos challengers qui avaient coché la manifestation dans leur agenda, mais également des trailers de haut niveau à la recherche de performance ou tout simplement des coureurs venus découvrir cette magnifique région, issus de différentes nationalités et régions de France, notamment les Italiens et Bretons en force sur le podium.
Au départ du 60 km, Dawa Sherpa qui avait déjà gagné l’une des première éditions, est acclamé. Très tôt sous l’arche, se retrouvent des favoris se disputant le Challenge, ou encore des trailers en préparation pour l’UTMB, le Grand Raid des Pyrénées ou autres ultras. Bonne nouvelle, côté météo, la température est idéale. Cependant les dernières pluies ont rendu le terrain gras et glissant. Côté parcours, pour assurer la sécurité des coureurs, l’organisation a été obligée d’adapter le 60 km, sans que sa technicité ne soit moindre.
Je suis au départ du Trail Chanteraine Grand Margès (30 km / 1700m D+). A 6h30 sur la ligne, près de 200 coureurs sont à mes côtés. Cette année, ayant déjà participé à deux trails longs sur le Challenge, celui-ci sera mon premier trail court. Je ne sais pas encore si j’arriverai à décrocher un double titre de finisher, comme l’an dernier.
Prudente, j’ai opté pour ce tracé car il offre un concentré de paysages variés et magnifiques. Le dénivelé y très compact, le terrain glissant, gras et instable sur les parties qui ne sont pas rocailleuses. J’ai décidé de partir sans bâtons car inutilisables sur ce terrain trop calcaire (ils m’encombreraient plus qu’autre chose) et de me chausser avec de bons crampons, de rester concentrée, patiente et vigilante. Mon objectif, atteindre en bon état le point culminant du tracé : le Grand Marges 1577m au 25ème km, ses crêtes et sa vue panoramique.
Les cinq premiers kilomètres se déroulent tranquillement sur cette boucle type course nature autour d’Aiguines et de ses chemins forestiers, larges, roulants et ludiques, mais fraîchement élagués. Il faut rester attentif, et ne pas oublier de bien lever les pieds avec tout ces branchages au sol et cette boue collante.
La 1ère difficulté arrive vite la montée au col de l’Illoire, 15ème km et R1, le dénivelé y est de plus en plus intense essentiellement en sous-bois sur pistes forestières de racines cailloux dans une forêt mixte de pins sylvestres, de chênes et de fougères. Je varie le rythme en fonction de mon cardio : courir, marcher, relancer, notamment sur les dernières montées à fort pourcentage pour arriver au col.
La 2ème difficulté au col nous fait basculer dans le cirque de Vaumale en direction du grand canyon. La température s’élève, l’ambiance est tropicale, chaude, humide, des plantes grasses sont dispersées dans une rocaille de tous les dangers. Il faut être prudent, car la descente est technique, avec des cailloux tranchants humides, et les racines mouillées sur des chemins escarpés en devers, des lacets serrés, chaque appui est glissant instable.
En bordure de canyon, des filets de protection, des câbles, des cordes, nous rappellent à la plus grande prudence, tout comme la présence du PGHM, ainsi que de guides et bénévoles aguerris qui nous sécurisent, probablement la partie la plus accidentogène de tout le parcours. Cette descente est longue, fatigante et demande une extrême vigilance, difficile à courir car faite de relances freinées par des obstacles tels que des troncs tombés, des gros rochers à enjamber, deux-trois cheminées à grimper à l’aide des bras. Cette partie restera technique jusqu’à « la petite forêt » qui porte bien son nom. Un sous-bois ombragé par les pins et chênes, au terrain souple et un tapis de feuilles mortes qui donne une ambiance automnale, jusqu’à atteindre le second ravitaillement au 20ème km . À ce niveau, ma montre m’annonce que nous avons déjà « consommé » 1000 mètres de D+.
La 3ème difficulté s’annonce, il faut atteindre le sommet, Le Grand Margès. Il va falloir grimper 700 à 800 D+ sur 5 petits kilomètres avec les cuisses qui piquent, les chevilles douloureuses et la fatigue qui s’est installée. Je reste motivée, le mental c’est 100% de la performance tout en restant concentrée sur le parcours. Ces 7 kilomètres d’ascension dans « la grande forêt » s’annoncent techniques car la caillasse y est usante, dissimulée dans la végétation des lacets étroits à ne par rater. La végétation se fait de plus en plus rare et la roche de plus en plus imposante, difficile de courir… La marche rapide s’impose, je ne suis plus en mesure de relancer jusqu’à l’arrivée au sommet du grand Marges dont la végétation inattendue, constituée de campanules, fougères er chardons me récompensent. La roche calcaire d’un blanc éclatant contraste avec la terre rouge, et les buissons noirs carbonisés, calcinés par l’incendie de Canjuers de juin 2022.
Enfin le 3ème sommet du Var et ses vues à couper le souffle, un panorama à 360° sur les deux rives du grand canyon, le lac de Sainte Croix, le plateau de Valensole, les Préalpes, et le camp militaire de Canjuers m’émerveillent. Il faut à présent rentrer, et retrouver le GR99 avec ses crêtes très étroites et techniques. Le parcours à 1500m d’altitude est tout simplement magique, et restera le point sublime du tracé.
La descente sur ce même GR, 5 kilomètres jusqu’à l’arrivée, s’annonce tout aussi technique et dangereuse jusqu’à la fin. A aucun moment, on peut s’y reposer, sauf à décider de s’arrêter, c’est une succession de cailloux, des lacets étroits, des pierriers qui nous accompagnent, et si une grande prairie douce et souple permet de nous relancer ponctuellement, ma joie est de courte durée car très rapidement je retrouve ces sentiers techniques dans la descente en sous-bois pour rejoindre Aiguines après 5 heures d’effort, deux heures après Bertrand Brochot, vainqueur du jour et une heure après la première féminine. Je finis 10ème sur une quarantaine de filles. Maintenant, place à la récupération.
Ce que j’ai aimé :
– Le paysage exceptionnel
– L’organisation sans faille
– La qualité des secours
Ce que moins j’ai aimé :
– Le nombre de parcours avec des distances similaires (17/24/30)
– L’absence du café d’accueil
– La qualité du repas d’après course
Très grands remerciements à toute l’organisation, les bénévoles, la sécurités, PGHM, guides, techniciens, sportifs bénévoles. Merci pour les deux beaux ravitaillements et le repas de fin de course. Merci à David le speaker depuis vendredi. Merci aux masseurs, aux kinés. Merci pour les très beaux et nombreux lots pour les podiums. Merci aux photographes. Merci la météo idéale. A l’année prochaine.
RESULTATS
1er et 1ère/ Guillaume Carriere – 2h52’22 et Gabriella Brien – 3h12’57
1er et 1ère/ Benjamin Berkkouchi – 2h03’17 et Elodie Granjon – 2h52’0′
Résultats complets sur la plateforme du chronométreur de l’évènement.
Prochaine manche le 25 juin 2023 au Trail du Col du Noyer
Prochains événements du Challenge :
Trail de la Galinette - Cadolive
Cadolive (13)
Date : 26 janvier 2025
Snow Trail du Queyras
Ceillac (05)
Date : 09 février 2025
Trail de la Sainte Baume
Cuges les Pins (13)
Date : 22 février 2025
Je souhaite m'abonner à la newsletter
Revenir sur le site du Challenge